L’identification des sources de risque unique
Les banques doivent considérer deux ou plusieurs clients comme présentant un risque unique lorsque les difficultés de financement ou de remboursement d’un client sont susceptibles d’affecter un ou plusieurs autres clients. Cet «effet domino» potentiel est présent, quel que soit le type de connexion sur lequel se fonde le risque unique. La chaîne de contagion conduisant à un éventuel défaut de toutes les entités concernées est donc le facteur pertinent pour le regroupement de clients en groupe de clients liés.
Toutefois, des cas d’exception existent dans les cas où les banques sont en mesure de démontrer que les difficultés financières ou l’échec d’un client n’entraîneront pas de difficultés de financement ou de remboursement pour un autre client. Auquel cas, ces clients n’ont pas besoin d’être considérés comme un risque unique. Le cas de figure peut se présenter par exemple lorsque le client du GCC présumé peut facilement trouver un remplaçant pour un autre client du même GCC présumé.
La définition des GCC : groupe de clients liés
Le GCC représente un groupe de clients si étroitement liés par des facteurs de risque idiosyncratiques qu’il est prudent de les traiter comme un risque unique. Le risque idiosyncratique représente l’effet des risques spécifiques à chaque client. Un risque idiosyncratique survient lorsque, dans une relation bilatérale, les problèmes financiers d’une entité sont transférés via cette relation à une autre entité qui, autrement, ne serait pas concernée.
Il s’agit de clarifier et rendre opérationnel le concept de GCC, en particulier lorsque des problèmes de contrôle ou de dépendance économique doivent conduire au regroupement de clients présentant un risque unique à l’aide de critères précis.
Les deux types d’interconnexions sont pris en compte dans la définition des clients connectés :
Cette guideline est plus détaillée que les textes précédents sur les GCC et inclue également des aspects qui ne sont pas pris en compte dans les normes de Bâle à savoir :
La guideline est rentrée en vigueur le 1er janvier 2019.
La présence de risque unique en cas de relation de contrôle entre clients
Un premier cas de figure porte sur les clients qui sont directement ou indirectement interconnectés par une relation de contrôle. En effet :
Du point de vue du risque prudentiel résultant des expositions sur les clients, il convient donc de rattacher l’hypothèse forte d’un risque unique à une relation de contrôle entre différents clients
L’identification des GCC en cas de relation de contrôle
Les banques doivent utiliser les états financiers consolidés de leurs clients pour évaluer l’existence d’un contrôle. La notion de contrôle renvoie à la définition comptable de la relation entre une entreprise mère et une filiale, ou une relation similaire entre toute personne physique ou morale et une entreprise. Par conséquent, la nouvelle directive comptable 2013/34 / UE aura un impact sur la manière dont les banques évaluent les relations de contrôle aux fins de regrouper les clients connectés.
Pour certains clients, les règles comptables de l’UE ne s’appliquent pas. Il s’agit des entités telles que :
Pour les typologies de clients précédents, la guideline fournit une liste non exhaustive de critères et indicateurs de contrôle :
Il est rappelé que l’évaluation des relations de contrôle n’est que la première étape de l’évaluation des liens entre les clients, avant d’évaluer toute dépendance économique potentielle.
Le traitement des exceptions
La charge de la preuve incombe aux banques de démontrer que, malgré l’existence d’une relation de contrôle, des clients, à titre d’exception, ne constituent pas un risque unique.
La présence de risque unique en cas de relation de dépendance économique entre clientsUne dépendance peut survenir dans le contexte des interconnexions commerciales qui ne sont pas liées à des risques sectoriels ou géographiques
Cette dépendance montre que les clients concernés sont exposés aux mêmes facteurs de risque idiosyncratiques. Si ce risque idiosyncratique se matérialise, l’un des débiteurs ou les deux risquent de rencontrer des difficultés de remboursement.
Par conséquent, les interconnexions entre entités (ou personnes) en raison de relations commerciales bilatérales peuvent entraîner un risque de contagion indépendant des risques sectoriels ou géographiques.
Le fait que l’existence de facteurs de risque idiosyncratiques communs puisse entraîner un risque de contagion pour des clients par ailleurs indépendants est au cœur du concept d’interconnexion économique.
La justification de la définition de l’interconnexion économique est d’identifier les canaux de contagion résultant de dépendances économiques qu’un client ne peut surmonter sans rencontrer de difficultés de remboursement.
La difficulté inhérente à l’identification de toutes les dépendances économiques nécessite que les banques adoptent une approche proportionnée et renforcent l’enquête sur les dépendances économiques dans tous les cas où la somme de toutes les expositions sur un client individuel dépasse 5% du capital de niveau 1.
Une nécessaire identification précise des cas de sources de financement communes difficilement remplaçables
1. Cas général
Les banques doivent prendre en compte les situations dans lesquelles les problèmes de financement d’un client sont susceptibles de se propager à un autre en raison d’une dépendance à sens unique ou à double sens avec la même source de financement :
2. Traitement des exceptions
Il faut cependant noter qu’une source de financement commune en raison uniquement de la situation géographique n’entraîne pas nécessairement l’obligation de connecter les clients. Dans de nombreux cas, les petites et moyennes entités n’auront pas la capacité ou l’incitation commerciale à recourir à des banques autres que leur banque locale et, en outre, pour la plupart d’entre elles, la relation personnelle avec leur banquier est la clé de meilleurs services financiers.
Ce fait ne justifie pas en soi que ces clients soient considérés comme interconnectés, même s’ils ont une source de financement commune (c’est-à-dire la banque déclarante elle-même). Ces dépendances de financement diffèrent des dépendances de financement décrites dans la guideline car la source de financement commune est le résultat de la situation géographique et peut normalement être remplacée.
Les clients qui dépendent de leur source de financement existante simplement parce qu’ils ne sont pas solvables n’appartiennent pas à cette catégorie de clients liés.
De la même manière, le fait d’être client d’une même banque ne crée pas en soi une obligation de regrouper les clients si la banque qui finance peut être facilement remplacée.
3. Dispositif d’identification des sources de financement communes
Les banques ne sont pas tenues de collecter des informations permettant de savoir si leurs clients ont une source de financement commune externe; Toutefois, les banques doivent tenir compte des informations disponibles à cet égard.
Traitement des autres exceptions
Une banque peut ne pas considérer les clients A et B suivants comme liés dans le cas où :
Le principe géneral de contagion et d’interconnectivité croisée
Il existe des situations où les deux types de dépendances (contrôle, économique) sont liées et peuvent donc exister au sein d’un GCC de telle sorte que tous les clients concernés constituent un risque unique par opposition à deux GCC distincts.
L’indicateur global est le même dans les deux cas, c’est-à-dire un risque unique entre deux ou plusieurs clients («effet domino»), quel que soit le type de connexion sur lequel le risque unique est basé. La chaîne de contagion entraînant un éventuel défaut de toutes les entités concernées est le facteur pertinent pour le groupement et doit être évaluée dans chaque cas individuel.
Identification de la contagion en aval
La contagion en aval doit être présumée dans le cas suivant :
La raison en est que, pour surmonter ses propres difficultés de paiement en suspens, le client A retirera très probablement des ressources des entités contrôlées du GCC A, augmentant ainsi le risque de contagion en aval.
Identification de la contagion en amont
La contagion en amont doit être présumée dans le cas suivant :
Les risques de concentration géographique et sectorielle n’entrent pas dans le champ d’application de la guideline et sont traités par d’autres moyens, tels que les règles de gestion sur le risque de concentration du pilier 2.
Un risque géographique ou sectoriel peut être défini comme une dépendance liée à un facteur externe qui affecte toutes les entités actives dans le secteur ou la région de la même manière. Il s’agit par exemple :
Les banques qui opèrent uniquement dans une zone géographique bien définie, ou dans une zone dominée par une industrie spécifique (secteur), ne sont pas plus affectées dans leur conduite des affaires par la règle des clients connectés que les autres banques.
Principe général de l’approche alternative
La guideline définit les critères d’utilisation d’une approche alternative pour évaluer l’existence de GCC directement contrôlés et /ou directement interconnectés avec les gouvernements centraux (ou les gouvernements régionaux ou locaux) :
Cependant, les banques sont autorisées à utiliser une approche différente pour évaluer l’existence d’un GCC séparément pour chacune des personnes morales :
L’approche alternative ne considère que la relation entre le gouvernement central et les entités qui lui sont directement liées. Le risque idiosyncratique qui peut survenir dans les relations entre ces entités doit être évalué séparément.
L’utilisation de cette approche alternative n’est pas obligatoire mais laissée à la discrétion des banques.
Exclusion de l’approche alternative pour des personnes morales n’empruntant pas en nom propre
Les entités telles que les services gouvernementaux, les ministères et les autres autorités gouvernementales, qui ne sont pas des entités juridiques distinctes et n’empruntent pas en leur propre nom mais qui constituent au total le gouvernement central, doivent être considérées comme une seule entité, c’est-à-dire le gouvernement central.
Ainsi, ces entités ne sont pas éligibles à une évaluation distincte de l’existence d’un groupe de clients connectés.
Traitement des cas d’application partielle de l’approche alternative
Lorsqu’un gouvernement central contrôle directement ou est directement interconnecté avec plus d’une personne physique ou morale, l’approche alternative peut être utilisée sous réserve qu’elle inclue toujours le gouvernement central dans chacun des GCC identifiés.
En outre, les banques peuvent également appliquer partiellement l’approche alternative, c’est-à-dire uniquement pour certaines des personnes physiques ou morales directement contrôlées par ou directement interconnectées avec le gouvernement central.
Les points de contrôle nécessaires
Les banques doivent identifier :
La qualité du dispositif d’identification de GCC
Les banques doivent :
Bien que cette guideline s’applique aux expositions sur des entités du shadow banking de la même manière qu’elle s’applique aux expositions sur d’autres clients, la banque doit accorder une attention particulière lors de l’évaluation des liens entre entités shadow banking :